Article 48: Une virée en solo

Publié le 30 Novembre 2014

Alban à Son Servera, Majorque                                                             Le 30 novembre 2014

 

Lundi 3 novembre, il est 22h et Jess est en train de monter dans le bus qui va la conduire jusqu’à Valencia, d’où elle prendra un ferry pour rejoindre Majorque.

Cela fait maintenant vingt mois que nous avons quitté Genève. Vingt mois que nous apprenons à vivre 24h sur 24 et 7 jours sur 7 ensemble. Cela n’a pas toujours été facile et à plusieurs reprises nous nous sommes demandés s’il ne fallait pas mieux rentrer un peu plus tôt. Mais à force de dialogue, de patience et de compromis nous avons réussit à trouver nos marques pour que chacun puisse vivre au mieux ce voyage. Ce soir, c’est donc avec une certaine appréhension que je m’endors en prenant conscience de ce projet un peu fou : rejoindre seul et en tandem Barcelone, à environs 1'300 km…

C’est sur les coups de 10h30 que j’enfourche, seul, le vélo pour quitter la très belle ville de Séville. Malgré un froid sec (les températures ont chuté de 10°C), je suis agréablement surpris par la bonne tenue du tandem. En chargeant le siège de Jess d’un sac assez lourd, la direction ne semble pas trop souple. Et vu que je suis parti avec le moins d’affaires possible, je parviens à conserver une bonne allure ; si bien que je réalise sans trop forcer un peu plus de 100 kilomètres. L’idée d’atteindre Majorque en mois de deux semaines et ainsi de faire la surprise à Jess d’arriver plus tôt que prévu refait surface. (me donne des ailes)

En voyageant seul, je n’ai pas la tête à prendre du bon temps dans les villes qui pourraient être sur ma route. Je me rends compte que je n’ai aucune envie de me poser à la terrasse d’un café ou encore de flâner dans les rues de Cordoba, Grenade… J’aime ça pourtant et il paraît que ces villes sont de véritables joyaux, mais le fait de le faire seul, de ne pouvoir le partager avec une autre personne ne me séduit pas. C’est comme si qu’avec ce voyage, j’avais perdu le goût de me retrouver seul. Du coup, au lieu de rejoindre Cordoba, je bifurque plein nord quelques kilomètres en amont. Je rentre alors dans le parc naturel de la Sierra de Hornachuelos. Ce parc occupe des montagnes qui, sans être très hautes, n'en sont pas moins profondément entaillées par des cours d'eau qui y ont creusé des gorges encaissées. Chênes, rouvres et oliviers sauvages couvrent les hauteurs. Peupliers, aulnes et frênes bordent les cours d'eau. A part ça, je ne croise pas grand monde sur les routes… Seuls les troupeaux de moutons, de vaches ou encore de chèvres et de cochons apportent une certaine présence. La route se perd dans les montagnes et à chaque col, la vue dégagée sur l’ensemble de la région me donne un aperçu de ce qui m’attend les prochaines heures.

En partant pour cette parenthèse, je m’attendais à avoir des journées bien longues… J’appréhendais un peu le fait d’être seul sur le vélo pendant des heures mais au final, c’est pendant les pauses et le soir au bivouac que j’ai trouvé le temps long. Alors qu’avant nos pauses duraient en moyenne une demie heure, là je ne m’arrête pas plus de dix minutes ! Et que dire alors des soirées … Et bien elles sont courtes ! Sachant que le soleil se couche autour des 18h, je n’ai pas vraiment le temps de tourner en rond ; et de toute façon, avec ce froid, le mieux est de s’enfermer dans son sac de couchage et de dormir !

C’est sous la pluie et une bonne grisaille que débute ma quatrième journée. Il fait froid, il y a du vent, j’ai mal au genou car j’ai trop forcé ces derniers jours… Bref, comme vous pouvez l’imaginer, la motivation est bien loin. Et comme si ça ne suffisait pas, il a fallu que le cadre du vélo se fende littéralement en deux m’enlevant toute perspective de continuer cette aventure. La cerise sur le gâteau. Je suis perdu au beau milieu de tout et le premier village est à 10 kilomètres. Je commence alors à gueuler sur tout et à m’énerver sur ce qui m’arrive mais sincèrement et à ma grande surprise, je retrouve mon calme très vite en encaissant assez vite la chose. Incroyable, non ? Pour moi, oui ! J’imagine très bien comment ça se serait déroulé si Jess avait été là… Mon coup de gueule aurait duré bien plus longtemps et ma mauvaise humeur prolongée de quelques heures. Mais en me retrouvant tout seul je me suis rendu compte qu’il fallait que j’essaie de voir le bon côté des choses puisque personne ne pouvait m’entendre me plaindre.

Pour revenir sur la casse, je commence alors par faire du stop pour rejoindre Puertollano où je pourrais prendre un bus. Mais voilà, les rares véhiculent qui passent sont bien trop petits pour pouvoir y rentrer le tandem. Au bout de trois heures, une voiture de police s’arrête à ma hauteur. Je me dis alors que l’attente est finie pour moi…

Après leur avoir expliqué ce qui venait de m’arriver, ils ont commencé par me faire un contrôle d’identité ! J’attends alors dehors, sous la pluie, pendant qu’ils épluchent (lentement) les nombreux visas de mon passeport au chaud, dans leur voiture… Une fois terminé et la fenêtre ré-ouverte, ils m’expliquent que le stop est dangereux surtout que la nuit va bientôt tomber et que je dois marcher jusqu’au prochain village qui n’est plus qu’à trois kilomètres et non dix comme je le pensais. En arrivant alors à Almodovar del Campo, je me prends une chambre dans le seul hôtel du village et marche encore 14km le lendemain pour rejoindre Puertollano, faute de bus.

 

Trois jours plus tard et après une traversée de 8 heures en ferry depuis Valencia, je rejoins Majorque où Jess m’attends sur le quai. Le retour dans la maison familiale se fera avec la Clio, le tandem dans le coffre.

 

Mon aventure en solo s’est donc terminée bien plus tôt que prévue mais même si rien ne s’est passé comme j’aurais pu le souhaiter, je n’ai vraiment aucune regret d’avoir essayer. Je suis tout d’abord content de m’être lancé dans ce pari de rejoindre Barcelone, seul avec un tandem. Pour être franc, je ne pense pas que je serais allé au bout en gagnant Barcelone. Je me serais sûrement arrêté à Valencia car je ne retrouvais pas le même plaisir que lorsque j’étais avec Jess. Seul, je pensais surtout aux kilomètres que je pouvais avaler dans la journée. Je ne profitais pas vraiment des paysages et le pire pour moi, c’est que je ne « perdais » pas de temps à me trouver un bel emplacement de bivouac ce qui est sans doute l’un des points les plus importants pour moi.

Je suis donc parti, en tout, une semaine seulement. Sept jours à apprendre sur soi. Sept jours à comprendre que, pour moi, pour réussir un voyage à vélo il est primordial de se faire plaisir. Et même après 20 mois, il est bon de se le rappeler !

Nous allons maintenant pouvoir se poser un peu à Majorque. L’idée est de passer l’hiver ici pour finir par un « tour de France » qui débutera début mars. Concernant le vélo, nous allons prendre contact avec la marque car le cadre est garanti 10 ans.

Nous vous écrirons très bientôt pour vous dire comment se passe se retour à la sédentarité.

Le parc naturel de la Sierra de Hornachuelos.
Le parc naturel de la Sierra de Hornachuelos.
Le parc naturel de la Sierra de Hornachuelos.

Le parc naturel de la Sierra de Hornachuelos.

Article 48: Une virée en solo
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Article 48: Une virée en solo

Rédigé par lattitudeterre

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C
Est-ce que quelqu'un peut dire au serrurier qui poste des messages intempestifs sur votre blog que vous recherchez quelqu'un pour réparer un vélo est pas une serrure ?<br /> J'imagine sans peine que vous profitez beaucoup de ces quelques heures jours, ou mois peut-être de repos sur cette île.<br /> Bonne fin d'année 2014 à vous deux bisous à bientôt peut-être en Bretagne :) je ne peux garantir un grand et beau soleil mais par contre vous serez accueilli à bras ouverts...
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S
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> <br /> Cordialement
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E
J'aime bien votre site internet , merci et bravo ! continuez comme ça ! <br /> <br /> Je me permet de mettre un lien vers mon site , n'hésitez pas à venir ! <br /> <br /> A trés bientot
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D
Plusieurs mois sans bouger???? T'as un disque au moins Ban-ban?? Sinon j'ai cru comprendre que tu vas devoir apprendre la soudure -;o)<br /> Bonne trêve à vous deux les loulou.<br /> Je vous attend en plein forme en Belgeek, vous pourrez mettre la tente dans le salon, pas de soucis.<br /> ¡Tchô!
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A
Salut mon petit,<br /> Et non, même pas de disque sous la main .... Mon dernier disque des Wiz est resté à Kyoto... Je me rattrape sur a marche et la natation; bien moins drôle! Bon sinon niveau soudure, j'ai d'abord contacté Hase en espérant qu'ils se bougent pour nous envoyer un nouveau cadre (sous garantie). Après 3 semaines sans aucune réponse, je garde espoir ! Rendez-vous en Belgique!
F
têtes baissées et à fond sur la chaise longue !<br /> bises à vous deux et on vous attend sur les bords de Loire pour votre tour de France d'honneur
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A
Merci à vous quatre! <br /> Promis, on passera sur Angers pour déboucher quelques bouteilles ensemble! Gardez-nous 2 mètres carrés de jardin ça nous suffit!
A
Salut vous deux ! J'espère que tout se passe bien sur Genf et que la lutte continue !
A
Salut vous deux ! J'espère que tout se passe bien sur Genf et que la lutte continue !
S
Salut les sportifs !! On pense à vous, on vous aime et on est toujours heureux d'avoir des nouvelles !! Profitez bien à Majorque !!! Mille bisousssssss et à très vite !
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B
wahou! quel récit ! un grand bravo a toi ..... je vous souhaite de bonnes vacances bien méritées, reposez vous ,et savourez vos derniers moments au soleil !gros bisous a vous deux et encore merci, merci ..... pour vos récits qui nous ont émerveillés et un bravo suplémentaire a Jessica.
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A
Merci pour vos messages ;) Et oui, on profite comme il faut de cette belle île en passant du bons moments sur les terrasses !